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Cloudsleeping
21 mars 2009

interview Mulatu Astatke

Mulatu_Astatke_The_Heliocentrics_Inspiration_Information_b

Mulatu Astatke + The Heliocentrics

Inspiration Information

Strut

Pour les bienheureux qui ont découvert le vibraphoniste Mulatu Astatke sur la compilation ‘Ethiopiques Vol.

4’

, ils auront toutes les raisons de se réjouir de ce nouveau disque. On y retrouve tout ce qui fait sa saveur et son talent : des arrangements aux cuivres captivants et hypnotiques, un groove léger et enjôleur et une certaine idée du planage en hautes sphères orientales (‘Cha Cha’ , ‘Blue Nile’). Un orient africain ici, Mulatu est éthiopien, rappelons-le. La collaboration avec les petits jeunes de Heliocentrics apportent une rythmique plus urbaine et percutante (ces drums quasi jungle de ‘Addis Black Widow’ et de ‘Live From The Tiger Lounge’ lancées par des percussions éthiopiennes, le funk de ‘Mulatu’) et déborde avec une révérence énergique en des embardées free et psychédéliques. Un mélange de densité dans les compositions et d’une exquise souplesse dans les déhanchements. Plus qu’une simple actualisation de la musique du vétéran éthiopien, cet album cultive savamment les germes audacieux qu’il a plantés en son temps dans une cohérence éclatante de modernité. Comme deux oiseaux rares qui devaient se rencontrer, c’était écrit dans leurs partitions, de même que dans les quelques bonnes étoiles de la musique de cette décennie. Stratosphérique. (jd)

Mulatu Astatke

Stratosphérique

Paraissant sur le label Strut, cet album de Mulatu Astatke et The Heliocentrics est le troisième volet de la série « Inspiration Information ». Celle-ci a pour but de donner le jour à des collaborations inédites (récemment entre Horace Andy et Ashley Beedle). Ce tome-ci est déjà à marquer d’une pierre blanche car la rencontre entre le négus de l’ethio-jazz (voir les ‘Ethiopiques Vol.

4’

) et les jeunes loups de Heliocentrics (dont le batteur joua notamment avec DJ Shadow, The Herbaliser et Madlib) a forgé un disque d’une grande créativité où une certaine idée du jazz oriental vient se confronter aux grooves urbains de cette fin de décennie. Voici des extraits de l'interview à paraître dans le prochain numéro de Rif Raf.

Sur votre album, on assiste à une rencontre de deux mondes bien particuliers. Comment est née votre collaboration avec The Heliocentrics ?

Mulatu Astatke : « J’étais au Canada pour donner des cours dans le cadre d’un programme de la Red Bull Music Academy lorsque Karen P (des sessions « Board Casting », ndr) m’a appelé. Elle m’a invité pour venir en Angleterre afin de donner des cours et aussi pour jouer avec un groupe. C’était The Heliocentrics, un collectif de jazz basé à Londres. Elle a arrangé une date pour un concert au Cargo Club de Londres en avril l’an dernier. C’est comme cela qu’on s’est rencontré. »

The Heliocentrics est un combo de jazz dont les musiciens sont fort éclectiques et nombreux, ça doit être un sacré défi d’incorporer votre style et vos compositions !

Mulatu Astatke : « On a répété pendant une journée. En effet, c’était un défi en si peu de temps, mais ce sont d’excellents musiciens. Le concert s’est très bien déroulé et suite à cela, nous pensions tous qu’il serait approprié de faire un disque ensemble. C’est comme ça que je suis revenu à Londres en septembre pour enregistrer avec eux. »

Votre musique est connue pour ceux qui ont notamment écouté les compilations « Ethiopiques », dès lors quelles ont été les réactions du public par rapport à cette nouvelle façon de jouer ?

Mulatu Astatke : « Le public connaissait déjà ma musique car j’ai commencé à jouer dans les années 60 à New York. Depuis ma musique s’est développée et s’est répandue dans le monde entier. Au concert, il y avait beaucoup de jeunes très enthousiastes. Les réactions du public durant et après le concert ont été très positives. »

Si on considère l’ensemble de votre travail, que représente ce nouvel album ? Est-ce une continuation de ce que vous faisiez ou bien un nouveau tournant dans votre musique ?

Mulatu Astatke : « J’ai longtemps travaillé à Boston avec d’autres musiciens. The Heliocentrics jouent dans de nombreux styles et pour moi, cette collaboration a quelque chose de très différent. Ce fut une expérience vraiment intéressante. C’est une musique assez variée et cet album semble déjà plaire aux personnes qui l’ont écouté. Mais j’ai d’autres projets pour la suite : un nouvel album solo et un opéra qui s’inspire de l’éthio-jazz ainsi que des traditions musicales de notre église copte qui sont magnifiques. »

Sur cet album on peut entendre quelques compositions déjà connues et d’autres qui ont été écrites avec le groupe. Comment s’est déroulée l’adaptation de votre style à celui des Heliocentrics qui ont un genre de jazz plus urbain et très percutant ?

Mulatu Astatke : « Il y a tellement de musiques différentes dans ce monde ! Les musiciens de jazz ne doivent pas s’exprimer seulement dans un style. Ils doivent pouvoir s’adapter à d’autres compositions et à des arrangements différents. Avec Heliocentrics, c’est clair qu’ils s’y connaissent en jazz mais mon approche est un peu différente. Ce fut donc l’occasion pour eux de s’adapter par exemple aux modes et aux rythmes éthiopiens. Cela sonne un peu comme de la musique arabe mais ce n’en est pas. Et pour moi ce fut également très intéressant de découvrir leur style. La clé dans tout cela, c’est la communication, c’est comme cela qu’on a une bonne collaboration et qu’on arrive au résultat voulu. Par exemple, j’ai joué récemment à Los Angeles avec des musiciens de Herbie Hancock et de Miles Davis etc. Et ça nous a pris deux heures pour répéter. Si tu as de bons musiciens qui comprennent ce qu’il se passe, il n’y a pas de problème, tu es là et tu joues. Avec de bons musiciens, tout est possible. Et le résultat final est vraiment beau. »

Parmi les nouvelles compositions on trouve un morceau appelé ‘Cha Cha’ dont le rythme est assez particulier…

Mulatu Astatke : « Cha Cha’, c’est une de mes compositions. C’est un rythme typiquement africain, comme beaucoup de rythme en musique ! L’influence est à trouver dans des rythmes de l’église copte éthiopienne que j’ai proposés au groupe. Chacun est venu avec ses idées et, de ces rencontres de deux mondes différents, il y a quelque chose de nouveau qui ressort. Beaucoup de gens pensent que c’est une musique « latine » mais je pense que la musique « latine » a des sources qui proviennent, entre autres, d’Afrique. Quand je compose je ne me dis pas « jouons du latino », je pense juste « Ethiopie et Afrique ». Et si tu vas au Congo ou au Nigéria ou quoi, ils ont ce type de musique qui a été ensuite exportée dans le reste du monde. On a tout en Afrique ! »

Par contre le titre ‘Live At The Tiger Lounge’ est rythmiquement assez différent, là c’est très « urbain » comme son…

Mulatu Astatke : « Oui et non car ce titre débute avec une percussion éthiopienne à la suite de laquelle Heliocentrics ont proposé des arrangements. Ils y ont ajouté ce qu’ils ressentaient, en particulier le batteur et le bassiste. Je pense que cela a apporté d’autres couleurs et textures à l’album. Pour moi ce fut intéressant en tant qu’arrangeur, d’aborder tous ces styles différents. C’est une autre approche par rapport à mes travaux précédents et c’est toute la richesse de cette collaboration. »

Le premier titre de l’album est chanté, ce qui est inhabituel dans votre musique qui est principalement instrumentale…

Mulatu Astatke : « Oui, c’est une chanteuse éthiopienne de Londres qui s’inspire d’une chanson traditionnelle de notre pays. »

On trouve également des instruments typiquement éthiopiens au niveau des cordes et des percussions, on entend du krar également (la lyre éthiopienne).

Mulatu Astatke : « On a pu combiner tout cela grâce à des musiciens éthiopiens qui vivent à Londres et ça se fond parfaitement dans l’ensemble d’un jazz band moderne. Encore une fois, c’est une question de bonne communication et de pratique de l’instrument. J’ai souvent fait cette fusion entre instruments traditionnels et jazz dans mes albums précédents. Par ailleurs, dans les cours que je donne, j’essaie d’expliquer ce qu’est la musique éthiopienne et ses instruments traditionnels, de même que sa place et sa contribution au patrimoine musical. L’Ethiopie est longtemps restée un pays fermé et il n’était pas possible de promouvoir notre culture. À présent c’est devenu une autre partie de mes activités, en plus que de jouer du jazz. »

Au début de votre carrière, vous avez commencé à mélanger le jazz à la musique éthiopienne traditionnelle. Or le public africain apprécie diversement qu’on revisite ses traditions… Quelle a été sa réaction à l’époque ?

Mulatu Astatke : « Ça s’est bien passé car en Ethiopie, on pouvait écouter des artistes assez divers, des ensembles de musique éthiopienne, des big bands etc. Donc le public pouvait comprendre ma musique même s’il est vrai que mon approche était très différente. Bon, bien-sûr tout au début, certaines personnes n’acceptaient pas cela. Mais j’ai continué à travailler et j’ai peu à peu imposé mon style que tant de gens apprécient aujourd’hui, dans mon pays et ailleurs. »

Vous avez ensuite côtoyé de grands jazzmen comme John Coltrane, Duke Ellington…

Mulatu Astatke : « Quand j’étudiais en Amérique (Mulatu Astatke fut le premier étudiant africain du Berklee Music College en 1958, ndr), j’analysé leur musique, celle de Quincy Jones, beaucoup de Big Bands aussi, etc. Duke Ellington est quelqu’un que j’admire beaucoup. Quand il est venu en Ethiopie en 1973, on a joué ensemble et c’était vraiment fantastique. John Coltrane, c’est tout un monde, c’est un de mes héros. Je m’en souviens comme quelqu’un de très décontracté, très pacifique. Ce fut un grand privilège de le rencontrer. »

Suivez le guide :

http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=40846246

http://www.ethiojazz.com

Mulatu Astatke with The Heliocentrics, live at Cargo for Karen P’s Broad Casting, April 2008

www.rbmaradio.com

Benjamen Walker US radio documentary: Ethiopiques

http://www.toeradio.org/archives/2006/02/toe_podcast_220.html

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