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Cloudsleeping
27 novembre 2005

Better make it through today...

Mboté tutti,

Bienvenu à vous qui venez de vous poser pour quelques minutes dans l'insouciant cloudsleeping… La tête dans les nuages, tout en écoutant par exemple "Asleep from day" de Chemical Brothers, vous sentez l'apesanteur vous quitter et le grand clame vous gagner… Bref, tout ça pour dire que, comme annoncé lors de la première édition, voici la nouvelle mise à jour de mon blog, avec déjà un peu en retard !! Mais qu'importe car il y a pleeeeein de nouveautés ! Que ne ferait – on pas aujourd'hui pour de la nouveauté ? Quelle tyrannie ! La première c'est les photos prises lors d'

dscn0208

une semaine de vacances passées sur les plages paradisiaques du Kenya… que du cliché mais quel bonheur d'être entouré de cette nature après quatre mois dans la jungle urbaine de Kinshasa et surtout de retrouver Gé après tout ce temps ! La seconde c'est que je vais mettre à jour ce site toute les deux semaines environ avec quelques lignes retraçant l'une ou l'autre histoires plus ou moins abracadabrantesques qui n'arrivent qu'ici ! Dans la mesure du possible, quelques photos dans le texte viendront illustrer tout cela... Enfin une dernière (demi) nouveauté  c'est que je suis en train de travailler à mettre du son sur ce blog mais ça prendra encore un peu de temps. En attedant voici le soundtrack de novembre pour ceux qui veulent faire des (re)découvertes musicales : on a commencé avec le trademark du cloudsleeping "alseep…" puis on s'installerait moelleusement dans un quelconque cumulus avec Zero 7 et déjà le temps cesserait son emprise sur vous. On retrouverait ensuite les Doors et Neil Young sous la tempête, Brel, Miam Monster Miam, dEUS (quelques générations de Belges), Tindersticks, ou encore Arcade Fire lorsqu'il sera temps de s'éveiller et se quitter… Bref un soundtrack un peu sombre et orageux, sans doute à l'image du climat qui a bien changé ici…

Depuis un mois, la saison des pluies… Elles avaient quitté le pays depuis mai annonçant le retour du froid (25° en juillet) et de la sécheresse. Vers la mi-septembre, toujours rien, c'est seulement début octobre que se produisit le premier signe : le retour des scarabées. Par vagues entières, ils sont venus s'échouer en ville, comme exténués de fuir les nuages chargés qui arrivent en les chassant à grand vent. Ils sont gros comme une noix et, n'ayant plus la force de voler, ils grouillent au sol et se font piétiner par inadvertance dans un joli bruit de carcasse et de viscères écrasées genre "scroutch scroutch, m'enfin, sur quoi j'ai marché ??". Ces scarabées, en plus de faire le délice des Kinois (la recette locale c'est d'arracher les ailes et les pattes et les faire frire; pour ma part je préfère les passer quelques secondes au mixer avec pas mal de crème à la vanille) annoncent officiellement l'ouverture de la saison des pluies.

Et de fait vers la mi-octobre, un jour un peu comme celui-ci, le ciel s'est assombri en début d'après-midi. Il était si lourd… chacun sentait que ça allait barder ! On pouvait apercevoir au loin une sorte de brouillard poussiéreux occultant l'éclatante lumière africaine et tendant un film terne sur le paysage urbain et la végétation. Brazzaville, sur l'autre rive du fleuve, s'enfouit derrière les cohortes de nuages.dscn0247

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Puis le vent s'en est mêlé à coup de bourrasques tourbillonnantes et fait voltiger les feuilles, les papiers, tous les sacs plastiques crasseux et autres détritus qui jonchent les caniveaux. Des nuages de poussières s'élèvent du sol et s'abattent sur les passants et les voitures. Même le fleuve d'ordinaire impassible semble s'émouvoir. D'un brun opaque, il s'est obsurci de noirs reflets du ciel. dscn0248Les palmiers ploient souplement sous les rafales et les manguiers sont délestés de leurs fruits mûrs qui tombent sur les pare-brise des voitures qui n'ont pu promptement trouver refuge.

En début d'après-midi, les Kinois sont habituellement au ralenti, engourdis par la chaleur : les marchandes des routes suffoquent sur leur chaise, les manutentionnaires s'étalent à l'ombre des hibiscus géants, les fonctionnaires se souhaitent un "bon temps de repos", même les embrouilleurs et les traîne-savate transpirent et accordent un répit à leurs proies (seul "Better make it through today" d'Eric Clapton peut illustrer cette indifférente mollesse). Mais elle s'est tellement fait attendre qu'on l'aurait presque oubliée cette saison des pluies…et ce vent-là, on vous dira que non, en tout cas vraiment, il n'annonce rien de bon ! Il a surprit tout le monde mais les gens savent à quoi s'attendre : ça va être un déluge ! C'est alors, et alors seulement, que vous verrez les Kinois sortir de la torpeur et commencer à se presser ! Quelle agitation : ça coure et se dérobe dans tous les sens ! Tous aux abris avant le rinçage ! C'est d'abord des grondements du ciel plombé et quelques gouttes de pluies (là c'est Riders on the storms, Doors, qui résonne) puis des coups de tonnerre éclatent et font trembler les bâtiments et s'ensuit un déchaînement des éléments tonitruants : l'averse tropicale vient abreuver arbres et champs assoiffés depuis mai, grossir les fruits verts ("la nature est bonne et nous félicitons le monde" a-t-on coutume de dire ici) et inonder rues et dscn0252parcelles. C'est la tournée générale (et un puissant "Like a hurricane" de Neil Young dans les oreilles).

Elle emporte tout sur son passage caillasse, paperasse, déchets, et érode les routes déjà en décomposition avancée pour être enfin prise au piège dans des mares fétides qui coupent les voies de communication : ces bourbiers sont des nids à microbes composés de surplus d'égouts et de tous les détritus chimiques et organiques que l'eau aura charrier sur son trajet. Un 4x4 est un luxe dans le sens où il est inaccessible pour la plupart… mais pas dans le sens où il constitue un caprice : il sortirait bien plus de gens du pétrin ici que dans les avenues d'une capitale européenne…

Le vent s'est calmé mais les trombes d'eau ne cessent de revenir à la charge, autant généreuses que dévastatrices. Les rues sont à présent désertes et sinistres : la bienfaisante lumière du soleil africain est absorbée, le ciel est parfaitement bouché. Quelques heures durant, il a fait aussi gris qu'un novembre belge. Vers les seize heures, l'orage s'est calmé. Retour tardif des Kinois à la maison car rares sont les transports qui sortent par peur de tomber en panne ou de rester embourbés. Constat des dégâts : toits percés, bâches envolées, barrière arrachées, arbres déracinés et chiffres gâchés des mamas marchandes… Le soir tombé, au bord du fleuve, seuls les crapauds sifflent et coassent d'aise après l'inondation. (fin sur le nocturne et tendu My Oblivion de Tindersticks) 

Aux deux ou trois courageux qui ont pu lire jusqu'au bout, je dois concéder ceci :

C'est inavouable mais j'aime quand il pleut. J'aime quand il fait gris. Quoi de plus déprimant qu'un bon vieux matin bien pourri ? Et pourtant moi, ça me convient. Ôte-toi de ma pluie satané soleil qui nous damne au sourire, à l'humeur réjouie, à la chaleur. Épargne-moi ton acolyte, le radieux ciel bleu car je préfère, gros bouseux, un plafond bien bas et mélancolique ! Laisse-moi ce ciel atone et bouché de sorte que je ne sois pas forcé d'être joyeux comme tous ces gens qui, soulagés, redeviennent riants et bavards dès qu'ils ont leur week-end splendide… Oui, chaque soir après tes ravages, j'appelle de mes vœux une dépression atmosphérique pour qu'au matin je puisse m'enfermer dans mon humeur anthracite. Non, on ne devrait pas me le laisser dire mais j'aime voir déteindre le moral de mes camarades sous les averses dominicales ! Il me semble, quelle lâcheté, que dans ces conditions exécrables, ma compagnie et celle des autres en devient plus supportable, en cela qu'il ne faut plus faire acte de contrition et s'excuser d'être plus morne encore que la pluie. Je serai le seul pour qui ces gouttes glacées couleront complaisantes et affables sur mon front à jamais désolé… Aaaaaaamen !! Voilà pour les dernières calembredaines de ce mois ! A dans quinze jours pour ceux qui le souhaite encore et pour les autres qui ne veulent plus être dans ma mailing liste, faites reply avec cette fameuse phrase de James Hettfield "Fuck no James!".

Soundtrack novembre : 

  1. The Chemical Brothers : Asleep from day

  2. Laika : Lower than stars

  3. Zero 7 : In the waiting lines

  4. The Doors : Riders on the storms

  5. Neil Young : Like a hurricane

  6. Eric Clapton : Better make it through today

  7. France Gall : Diégo (derrière des barreaux pour quelques mots etc)

  8. Jacques Brel : Orly (les séparations dans les aéroports…)

  9. Pink Floyd : Pigs on the wing

  10. Miam Monster Miam : My ugly fault

  11. Bob Dylan : Ballad of a thin man

  12. Tindersticks : My Oblivion

  13. dEUS : Nothing really ends (no one can prove it)

  14. Arcade Fire : Wake up

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Commentaires
N
Jako, ils sont les liens vers les MP3 ?<br /> Keep up the site and the good vibes.<br /> Nazman
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