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Cloudsleeping
15 juin 2008

Between a rock and a hard place

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Le 14 mai dernier deux décisions d’envergure crépitent sur les téléscripteurs et viennent se répandre sur la voie publique: Justine Hénin annonce la fin de sa carrière de tenniswoman et moi qui met un terme à la mienne au CICR. Même date, même raison : ressort cassé. D’un certain côté, je suis assez content de voir le bout du chemin, car cela signifie la fin d’une longue période qui était devenue presque de la captivité… Va s’ouvrir également une nouvelle ère de liberté telle que je n’en avais plus connue depuis 2004 au moins ! Victoire donc, et réjouissances ! Et puis il devenait de plus en plus évident que je n’avais plus aucune raison pour continuer à me morfondre dans la brousse de Juba, capitale du Sud Soudan, sise au bord du Nil. On dirait le sud comme coincé entre l’Afrique et le monde arabe, attirant de la sorte toutes les malédictions du continent : fièvres identitaires (religieuse, tribale, ethnique) sur fond de convoitises internationales (pétrole, matières premières) … des scénarios pareil, on en trouve en pagaille dans ce coin, c’est usant à force de ne pouvoir en faire que si peu en tant qu'humanitaire...

Me revient en fait une impression de non man’s land, peut-être parce que je n’y ai rien de trouvé de bien vivant comme ce fut le cas dans les pays des mes missions précédentes; même si j’avais commencé à l’apprivoiser un tant soit peu, il me semble que je n’ai pas vécu dans cette Afrique-ci. Ni dans la vie extra professionnelle assez terne, cloîtré dans un compound, ni dans mon boulot… Pas même l’ombre d’un travail intéressant n’est venue planer dans mon ciel de grand professionnel de la communication ! Rien. Ou à peine deux ou trois tâches que l’on m’a confiées dans un élan de charité professionnelle,  quelques dossiers épais comme un sandwiche SNCF, disait Renaud avant d’être aphone, roublardes paperasses à signer dont j’oubliais instantanément le contenu, des meetings entiers à rêvasser et durant lesquels mes rares paroles finissaient par sonner aussi creux que mon crâne fendu.

J’ai pourtant dû continuer à me battre et afficher une motivation, un optimisme sans faille pour servir une cause juste, me glissant peu à peu dans la peau d’un gars que je ne suis pas, empruntant différent masques … comme un usurpateur aux commandes. Tambour battant ou avec quelques coups de bourdon, j’ai travaillé dans des prisons pourries au Congo et en Afghanistan. Ici, vissé à mon bureau, je n’ai tout simplement plus trouvé matière substantielle dans laquelle investir mon énergie ; le moindre combat d’opérette n’a fait qu’alimenter mon côté obscure et rétif à tout travail; il ne m’a pas fallu trois mois pour perdre toute motivation, allant même jusqu’à douter des mes compétences. Le masque a finit par se retourner contre son sorcier, chassant tous les esprits bienveillants autour de lui, il est devenu cannibale et a finit par le bouffer ! Ne pouvant plus tenir ce rôle dans ce fatras de revers imprécis, de déconvenues professionnelles, de sacrifices en mode impersonnel, je me suis rendu compte que j’avais sans doute fait mon temps dans cette vie d’humanitaire expatrié au long cours et j’ai fini par démasquer l’imposteur au fond de son blues, flagrant délit... Il était temps de mettre un peu d’ordre dans tout cela !

Comme une procession mortuaire dans un village de brousse, ce masque chu a appelé d’autres spectres vacillants… amour, religion, politique, vie sociale, un peu le cul entre deux chaises, between a rock and a hard place, combien de fois ai-je choisi de ne pas choisir, tel cet impétrant junkie qui squatte le scénario d’un livre d’Irvine Welch. Pas par facilité dans mon cas, plutôt par souci d’équilibre un peu trop bien calibré. Cette fois, j’ai décidé de trancher dans le laaaard. Décision impulsive? Sage réflexion? Je pense avoir donné ce que j’ai pu, et même au delà; il est également temps de m’enraciner quelque part, un genre de chez-moi et retrouver une piste qui soit plus motivante et plus conforme à ce qu’il y a derrière ces masques de granit… plutôt que de rester sur la chaise électrique de mon bureau à me frire les roustons pour les prochains mois. Conséquence, démission et chômage. Au CICR, une fin de mission anticipée est équivalente, en principe, à une fin de contrat.

Un peu de vide va venir planer sur les mois qui viennent. Je ne suis pas comme mes collègues ou ces chefs d’Etat que cela effraie. Je vais le regarder bien en face pendant un moment, le meubler à ma façon, me recentrer sur l’essentiel, jusqu’à ce que je trouve une meilleure voie pour peser de mon poids d’homme sur cette terre, éh, meeerde encore du Saint Ex qui traine dans mes lignes… ‘faudrait que je saisisse ma chance pour le descendre aussi celui-là, et pour de bon, sans polémique ! Pas comme ce nase de pilote de chasse allemand qui, faisant acte de contrition 65 ans après, confesse l’avoir abattu lors d’une mission de reconnaissance, démenti formel de ces fanfarons d’experts français qui soutiennent qu’il n’est passé qu’à un cheveux de petit prince près, enquête, contre enquête, procès en diffamation etc… Bande de punk, va !

Et la fin de l’histoire de ces trois années de terrain, c’est quoi ? Il n’y en a pas encore. On dit souvent que les quêtes, les voyages initiatiques ou autres duperies du style, n’apportent pas le trésor escompté (un vrai boulot, par exemple). Heureusement, comme une vieille femme de droite qui lancerait une opération « pièces jaunes », la tradition est condescendante et elle veut, elle exige que l’on vous laisse repartir à la fin du périple avec l’intuition d’avoir dégoté autre chose, quelque chose de moins palpable mais de plus décisif pour la suite… un truc, genre savoir prendre son destin en main, apprendre à exercer sa liberté etc. Je pensais l’avoir fait jusque-là, en choisissant ce type de travail et de vie d’humanitaire… il semble pourtant que ce n’est pas encore cela pour moi, ou que ce n’est plus cela ; encore un trait à tirer sur ma liste de boulots rances ? So what ? souffle Miles de sa corne séditieuse…

Dans l’immédiat, je me réjouis allègrement de rentrer en Belgique le 25 juin et j’espère avoir le plaisir de revoir tous ceux d’entre vous qui ont continué à manifester leur amitié malgré l’éloignement. Je suis sûr que les occasions ne manqueront pas car je n’aurai plus à mener de course contre la montre comme c’était toujours le cas lors de mes précédents retours… cette fois-ci, j’ai tout mon temps ! Et je compte bien l’apprivoiser pour quelques lunes au moins et en retirer le meilleur ! Cela commencera en musique bien sûr, le vendredi 27 à 22hoo, au Sounds à Ixelles, puis au festival de Werchter le 3 juillet, au North Sea Jazz Festival à Rotterdam le 11, au festival de Montreux le 14, Gouvy is groovy le 1er août, Rock en Seine à Panam les 20 et 28 août, puis New-Orleans en Novembre, le Mali et le festival du désert début 2009, avis aux amateurs, les « live » c’est un éclat de vraie vieSee you around!

Daoud Yakubu

NB : bientôt le mix du soundtrack éthéré de ce blog en streaming : « an undefinite cloudsleeping experience », stay tuned!

Please also check www.vanderstegen.com, la galerie d’art contemporain que vient d’ouvrir à Paris mon ami Tristan, le plus belge de tous ces fanfarons de Français… évidemment avec un nom pareil !

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SOUNDTRACK mars-juin:

-         Queen= I want to break free (Live)

-         U2= I still haven’t found what I’m looking for

-         Girls In

Hawaii

= Plan Your Escape

-         Neil Young= The needle and the damage done

-         Susan Tedeschi= Don’t think twice it’s alright

-         Tom Waits=

Jersey

Girl

-         Ray Charles= Hard Times

-         Black Sabbath= Changes

-         

Nick

 

Cave

= Right Out of Your Hand (little girl)

-         Eric Clapton= Lonely Stranger

-         Elmore D.= I’m So Glad

-         Neil Young= The Loner

-         Ian Hunter= All American Alien Boys

-         Iggy & The Stooges= Electric chair

-         Nirvana= Negative Creep

-         Chuck D. + Fine Arts Militias= [No] Boom Boom (Mr. son of a Bush)

-         A Tribe Called Quest= Get A Hold

-         The Streets= Stay Positive

-         Angus & Julia Stone= Paper Aeroplane

-         Girls In

Hawaii

= Bored

-         David Castle= Istanbul Blues (ain’t got nothing left to loose)

-         Nina Simone= I Wish I Knew (how it was to be free)

-         Bob Marley= Redemption Song

-         Ben Harper=

Better Way

-     Mo' Horizons= Hit the road Jack (don’t you come back no more!)

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Commentaires
M
Bordel, le 14 mai c'est surtout la commémoration de la NAQBA!
K
..le grain d'orge??!! y'a la fete de la muzik ce weekend!!
M
Combien de Rolland-Garros à ton palmarès?<br /> Tjs délicieux de te lire; super content de te revoir.<br /> Rechtdoor & de wind vanachter.<br /> <br /> d.
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